CimentAlgue : quand l’industrie cimentière devient un terreau pour les microalgues
Les résultats du projet CimentAlgue, après 2 ans d’expérimentation.
Clap de fin pour le projet pionnier « CimentAlgue » : une avancée prometteuse pour la décarbonation industrielle
Le 19 octobre 2021, Vicat annonçait officiellement la réalisation du projet de recherche industrielle « CimentAlgue », une initiative pionnière en matière d’innovation environnementale. En partenariat avec AlgoSource Technologies, TotalEnergies et l’Université de Nantes et du CNRS, ce projet de recherche industrielle visait à démontrer la valorisation du CO₂ et la chaleur fatale dite « résiduelle » issue de la production de ciment pour produire des microalgues, véritables puits de carbone naturels.
Une idée simple, un défi technique ambitieux
Le principe de CimentAlgue repose sur une idée audacieuse : utiliser les émissions de CO₂ et la chaleur résiduelle générés par la cimenterie de Montalieu-Vercieu (Isère) comme ressources pour développer des cultures de microalgues, photosynthétiques en lumière naturelle. Ces organismes microscopiques consomment jusqu’à 10 fois plus de CO₂ au m² que les plantes terrestres, tout en offrant des débouchés dans les domaines de la nutrition, des biocarburants ou encore de la cosmétique.
Le projet a été soutenu financièrement par l’ADEME dans le cadre de l’appel à projets « BIP2014 », et s’est déroulé en deux grandes phases :
- Phase 1 (2016–2019) : essais en laboratoire à Saint-Nazaire.
- Phase 2 (2019–2025) : construction et exploitation d’un démonstrateur à taille réelle de 800 m² installé sur le site de la cimenterie Vicat à Montalieu.
Un démonstrateur unique en France
Le démonstrateur a été conçu pour tester plusieurs technologies de culture :
- Des bassins ouverts et clos de type « raceway » ;
- Un photobioréacteur tubulaire ;
- Un photobioréacteur sur couche mince appelé « AlgoFilm ».
Protégées sous serre pour éviter les contaminations extérieures et réguler la température, les cultures sont chauffées grâce à la chaleur résiduelle captée directement sur le four de la cimenterie. Le CO₂, quant à lui, est prélevé à la sortie de la tour pendant le procédé de fabrication du ciment.
Ce dispositif a permis de produire jusqu’à 1 tonne de microalgues sèches par an, tout en mesurant précisément le bilan carbone de cette symbiose industrielle.
Julien Poillot, Directeur des projets innovants chez Vicat : « CimentAlgue a démontré qu’il est possible de valoriser nos émissions industrielles en ressource biologique. C’est une vraie avancée vers une industrie circulaire et plus responsable. »
Une aventure humaine et technique
La construction du prototype a nécessité 4 années de design, d’ingénierie et de validation, mobilisant une trentaine de fournisseurs et installateurs. Malgré les nombreux défis techniques, les équipes ont su faire preuve de persévérance et d’ingéniosité pour mener à bien ce projet.
Eric Lefebvre, Responsable projet Innovant chez Vicat : « Ce projet a été une belle aventure collective, portée par la complémentarité des compétences techniques et humaines. Il a permis de fédérer des expertises très diverses autour d’un objectif commun : réduire l’empreinte carbone de nos territoires tout en innovant.»
Valorisation de CO2 : Des résultats concrets riche d’enseignements
Après deux années d’exploitation, les résultats obtenus sont prometteurs :
- L’optimisation de la production de biomasse (microalgues) est rendue possible par la valorisation de la chaleur fatale produite par l’usine de Montalieu, utilisée pour le chauffage des bassins permet ainsi de supprimer tout recourt à une source thermique externe et d‘allonger la période de culture.
- La valorisation du CO2 produit par l'usine de Montalieu est viable puisqu’elle peut être utilisée comme source de carbone, en remplacement de bicarbonates commerciaux
Aujourd’hui, l’installation est à l’arrêt et en cours de nettoyage. Les derniers rapports scientifiques sont en cours de rédaction. Mais les enseignements tirés de CimentAlgue sont précieux : ils ouvrent la voie à de nouvelles applications industrielles, notamment dans le domaine des biocarburants, et posent les bases de réplication sur d’autres sites.
Au-delà des résultats techniques, le projet « CimentAlgue » a permis à Vicat de renforcer son expertise en écologie industrielle et d’illustrer concrètement son engagement pour une industrie plus durable. Ce projet s’inscrit pleinement dans la feuille de route climat du Groupe, qui vise à la neutralité carbone à horizon 2050 sur l’ensemble de sa chaine de valeurs.